Kriss F. Gardaz

Voici un peu plus d'an, je pensais redonner vie à mes "Voyageurs des miroirs". Enthousiaste, je me suis lancée à fond dans ce projet de réédition, travaillant comme une folle pendant des mois avec deux personnes formidables. J'ai adoré nos échanges et, malgré la difficulté de reprendre un texte écrit des années auparavant pour l'adapter à un public plus jeune, j'étais impatiente d'envoyer mes nouveaux "bébés" dans le monde, à la rencontre de leurs lecteurs.

Je n'ai pas été déçue par l'accueil réservé aux deux tomes sortis. Merci!

Mais, sans parler en détail des coulisses, disons que ma déception est grande suite au report depuis juin 2018 de la parution du tome 3.

Je suis longtemps restée attristée et hébétée par ce gâchis. Aujourd'hui, je me réveille.

Si je dois retenir quelque chose de cette aventure éditoriale catastrophique, ce sont les belles rencontres qui en ont découlé, la solidarité et les amitiés qui se dessinent.

Grâce à tout ça, grâce aux encouragements reçus, je sais que je vais retrouver l'énergie de me battre pour que mes "Voyageurs" renaissent un jour.

Je me lancerai aussi avec encore plus d'enthousiasme dans les prochains projets.

Pour vous qui m'avez envoyé des messages ce matin.

Pour les lecteurs et les libraires qui me soutiennent.

Pour Paskal, mon adorable premier éditeur, qui continue de croire en moi. Pour Éliane et Henri, extraordinaires de générosité, qui m'incitent à voir "plus grand" pour mes polars, mais sont prêts à m'attendre. Pour d'autres éditeurs qui ont pris le temps de me répondre et de m'encourager au fil de ces années. Mention spéciale au dernier à m'avoir conseillé de ne pas lâcher, il se reconnaîtra.

Pour moi. Car, contrairement à ce qu'affirme une connaissance, écrire n'est pas un loisir comme le golf!

Non, écrire, c'est se sentir vivant. Enfin et pleinement. Écrire, c'est rêver bien sûr, mais aussi suer, souffrir, ne pas abandonner quel qu'en soit le prix. J'ai récemment perdu l'usage du bras droit pendant quelques jours, je vous assure que si ça arrivait définitivement j'achèterais un logiciel à reconnaissance vocale et j'apprendrais à dédicacer de la main gauche! Ou avec les dents!

Écrire, c'est partager. Aller à la rencontre de ceux qui aiment lire. Et tant pis, si parfois ils repartent avec un autre livre que le nôtre, l'essentiel se trouve dans l'échange! Mais tant mieux, si parfois ils reviennent avec des étoiles plein les yeux à la lecture d'une de nos histoires.

Je n'oublie pas tous ceux qui ont croisé et éclairé mon chemin! L'heure est venue de rebondir!

Ma saison préférée commence, celle des lumières automnales qui subliment tout sentiment et préparent doucement l'arrivée des illuminations de Noël. Le froid nous fait ressortir blouson et écharpe, mais nous rassemble devant un feu de cheminée, un chocolat chaud ou un Mont d'or.

Le moment idéal pour se pelotonner contre son chat, son homme, sous son plaid ou sa solitude, un bon livre à la main!

Parmi mes dernières lectures, je vous conseillerais "La vengeance des mères" de Jim Fergus, "Quand sort la recluse" de Fred Vargas, "Le murmure des feuilles qui dansent" d'Agnès Ledig, "Derrière les portes" de B.A Paris, "Eldorado" de Laurent Gaudé.

Quant à moi, je vous retrouverai avec plaisir les samedi 10 et dimanche 11 novembre, à Dijon, pour le salon Crocmillivres organisé par les adorables libraires de Grangier. J'y serai avec deux petits romans jeunesse et "Dans le silence des oiseaux", polar accessible aux plus de 15 ans.

Voici cinq livres lus et adorés ces dernières semaines. N'hésitez pas à en glisser un dans votre valise pour les vacances, ou à le poser sur votre table de nuit si vous ne partez pas. D'une façon ou d'une autre, vous voyagerez...

Coup de cœur : L'archipel d'une autre vie, d'Andréï Makine.

Pour vous perdre, ou vous retrouver, dans la Sibérie de l'après-guerre. Âmes libres contre poupées de chiffons. Une écriture puissante qui parle avec force aux pantins que nous sommes parfois.

Défaillances, de B.A.Paris

Un thriller psychologique dont la situation géographique importe peu. Ici, c'est dans les remous de la culpabilité et de l'envie que l'on voyage. Un véritable page-turner! Et s'il vous arrive d'avoir quelques petits problèmes de mémoire, ce livre est fait pour vous.

C'est le cœur qui lâche en dernier, de Margaret Atwood

Un roman dystopique dans une société américaine post-apocalyptique. Quels choix de vie sommes-nous prêts à faire pour être soi-disant "heureux"? Des personnages stéréotypés au départ qui surprennent au fil des pages et des situations déjantées ont fait de cette lecture un moment jubilatoire!

Yeruldelgger, de Ian Mannok

Un polar noir dont l'action se situe en Mongolie. Un héros borderline qui n'a plus grand chose à perdre dans un pays tiraillé entre traditions délaissées et violente modernité de l'ère post-soviétique. Bien que ne montant pas à cheval et peu attirée par le thé salé au beurre rance ou le boodog de marmotte, je ne lâcherai pas Yeruldegger avant la fin de ses aventures!

Louis Pasteur, un aventurier de la science, d'André Besson

Une biographie d'un homme admirable pour sa persévérance à toute épreuve. De lui, nous ne connaissons souvent que le vaccin contre la rage. Ce roman nous fait prendre conscience de tout ce que Pasteur a apporté à la science du 19ème siècle.