Kriss F. Gardaz

Romancière

Page blanche

Publié le 10 Août 2016 par Kriss F Gardaz dans Secrets d'écriture

On me demande souvent "comment" j'écris. Est-ce que je sais tout ce qui va se passer à l'avance? Est-ce que je fais des plans?...

Eh bien, non.

Même si je suis plutôt "plannings" dans la réalité, j'aime bien les modifier et me laisser la liberté d'être portée par les événements.

Écrire, c'est vivre. Ce serait tellement ennuyeux de maîtriser son chemin de vie!

Quand je commence un roman, j'en connais le début et la fin. La plupart du temps l'intrigue me titille depuis des années, mais je n'ai qu'une vague idée de la façon de l'étoffer. Je m'acharne d'abord à trouver un titre qui me mettra dans l'ambiance, puis j'écris et réécris les premières pages, parfois une scène qui s'impose. Peu importe si elle se place à la fin.

Tout le reste, je le construis au fur et à mesure.

Me lever le matin et ne pas savoir ce qu'il adviendra de mes personnages, être à table et décrocher de la conversation parce que j'ai enfin LE petit truc qui me permettra d'avancer, croiser quelqu'un, entendre une phrase et me dire que c'est incroyable, ça colle pile poil avec une attitude ou un dialogue à placer...

Bref, comme ce matin, être face à une page blanche et espérer des mots, des émotions, de l'action ou de la tendresse.

Ne pas savoir. Croire.

Exister.

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Je respecte

Publié le 27 Juillet 2016 par Kriss F Gardaz dans Lectures

Je respecte les médecins, infirmiers, pompiers... qui s'évertuent à sauver des vies.

Je respecte les militaires, policiers, gendarmes... qui s'évertuent à les protéger.

Je respecte les enseignants, animateurs, éducateurs... qui s'évertuent à les éveiller.

Je respecte les musiciens, peintres, acteurs... qui s'évertuent à les enrichir.

Je respecte les boulangers, pâtissiers, fromagers.... qui s'évertuent à les nourrir physiquement (en fait surtout parce que je suis gourmande!).

Je respecte les prêtres, pasteurs, moines... qui s'évertuent à les nourrir spirituellement.

Je respecte les journalistes qui s'évertuent à les informer sans sombrer dans le sensationnalisme.

http://http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2016/07/27/des-medias-decident-de-ne-plus-publier-les-portraits-des-auteurs-d-attentats_4975341_3236.html

...

MAIS je n'ai que mépris pour les terroristes qui poignardent un vieil homme pacifique, écrasent un enfant, bombardent des hôpitaux.. Ils se croient forts ??? Ils sont lâches et pathétiques. Ils pensent nous effrayer??? Ils n'attirent que l'indignité.

MAIS je n'ai que mépris pour les hommes et femmes politiques qui appellent à la haine, voire à une nouvelle forme de croisade religieuse, et qui se servent des attentats pour revenir ou se placer sur la scène.

Ne laissons pas gagner les islamistes. Ne laissons pas gagner les extrémistes. Ne laissons pas gagner les opportunistes.

Restons unis, tolérants, sans nous voiler la face. Oui, nous sommes attaqués sur notre territoire, mais évitons de nous laisser aller à nos plus bas instincts qui conduiraient vers une guerre civile, vers ce que nous souhaitons éviter. A savoir la victoire des idées noires.

A lire le magnifique petit livre de Franck Pavloff, Matin Brun, et les tweets suivants:

http://http://www.huffingtonpost.fr/2016/07/27/attentat-saint-etienne-du-rouvray-tweet-catholique-musulman_n_11212848.html

Je respecte
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Bougies

Publié le 17 Juillet 2016 par Kriss F Gardaz dans Ma vie d'auteure

Bougies

Pour toutes les victimes des attentats, celles qui ont été assassinées, celles qui ont été blessées... et celles qui ont perdu des êtres chers.

Le journaliste Antoine Leiris a perdu sa femme, Hélène, au Bataclan le 13 novembre. Il signe ce texte écrit après l’attentat de Nice le 14 juillet. (Le Monde, 17 juillet 2016)

Par Antoine Leiris

Je ne supporte plus l’odeur des bougies. Elle me donne envie de vomir. À Nice, à Paris, à Orlando, à Istanbul, à Bruxelles, et partout où ils ont semé la mort, ce sont les mêmes scènes. Les mêmes portraits accrochés. Les mêmes fleurs déposées. Les mêmes bougies allumées. Et cette odeur âcre qui me laisse dans la bouche le goût du sang versé.

Je pensais ne plus avoir assez de larmes. Je pensais que le pire était passé. Je pensais m’être habitué. Je me trompais. À chaque nouvelle attaque j’ai pleuré. Ils étaient des hommes, des femmes, des enfants. Ils avaient des envies, des peurs, des désirs, une vie. Ils sont morts. Et nous allumons une bougie.

Contre un camion lancé à pleine vitesse, contre des Kalachnikovs chargées de rancœur, contre des explosifs prêts à sauter, c’est peu une bougie. Pourtant c’est une arme plus puissante que toutes celles qu’ils pourront utiliser. Parce que le jour ou la mort de l’autre nous laissera sans réaction, le jour où nous n’allumerons plus de bougies, nous serons devenus comme eux.

Des êtres sans peur face à la mort. Mais pour ne pas craindre la mort, il faut trembler de peur devant la vie. Alors craignons la mort et embrassons la vie. Dès le lendemain j’ai allumé une bougie que j’ai posée sur le rebord de ma fenêtre. Elle brûle encore aujourd’hui. Elle me rappelle l’odeur de la peur, de la haine, du renoncement. Elle me rappelle l’urgence de la vie.

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Interrogations...

Publié le 15 Juillet 2016 par Kriss F Gardaz dans Ma vie d'auteure

15 juillet 2016

Comment comprendre qu'un père de famille fonce sur la foule, sur des enfants, avec la volonté de tuer, d'écraser? Comment comprendre cette violence préméditée?

Inconcevable pour nous, communs des mortels.

Aujourd'hui, je n'ai pas eu envie de chercher de réponses, ni d'écouter commentaires et analyses. Aujourd'hui j'ai simplement pleuré avec et pour les victimes niçoises. Aujourd'hui, surtout, j'ai dit à mes proches que je les aimais.

A mon petit niveau, c'est la seule réponse que je puisse apporter, me semble-t-il, à ce genre de folie : aimer et profiter de chaque instant de la vie, avec respect et empathie. Malgré l'horreur, la tristesse et la colère.

Le contraire de ce que préconisent les extrémistes.

16 juillet 2016

Il est possible que, tout comme à Dijon, l'attentat de Nice soit l’œuvre d'un fou non radicalisé. Que ce soit le cas ou non, je m'interroge sur notre responsabilité commune. Certes l’État islamique donne des consignes claires à leurs sympathisants. Mais les autres, les entendraient-ils sans le martèlement dans les médias de l'idée que chaque citoyen peut se transformer en terroriste, et ce avec peu de moyens? Moi c'est sur une page du "Monde" que j'ai pris connaissance des préconisations des islamistes. On pourrait en sourire s'il n'y avait l'horreur des attentats.

Comme la plupart, j'ai peur. Non pas de mourir dans un attentat, ou pire d'y perdre l'un de mes proches. Ou en tout cas pas plus que d'y rester à cause d'une crise d'asthme, d'un accident de voiture, d'un cancer ... J'ai peur de l'obscurantisme et des idées moyenâgeuses, peur de la violence et du sadisme que l'extrémisme et le fanatisme entraînent.

Et cette peur, partagée par beaucoup, n'est-elle pas nourrie et exploitée par les politiques et les médias? Au lieu de donner le mode d'emploi du "devenir terroriste" à tout un chacun, au lieu d'accorder autant d'importance à la chasse aux électeurs et de se vautrer dans un pessimisme permanent, ne vaudrait-il pas mieux allouer de vrais moyens à l'éducation et parler de courbe de bonheur brut ? Au lieu d'accorder une légion étrangère à un prince saoudien pour des raisons économiques, ne faudrait-il pas défendre les droits des hommes, des femmes, des enfants, des blogueurs et des poètes en refusant tout contrat dans des pays violant si ouvertement la Liberté? Il est vrai qu'instruire et aider les gens n'a jamais servi les intérêts des plus hautes sphères, qu'elles soient religieuses ou politiques.

Ok, je suis certainement naïve, idéaliste.

Je respecte les forces de l'ordre françaises, j'en connais quelques représentants que j'apprécie beaucoup. Je ne pense pas qu'on puisse lutter contre le genre d'initiatives tragiques du 14 juillet en augmentant les effectifs des militaires avec des réservistes appelés pour la prolongation de l'état d'urgence. Cela me paraît même contre productif et dangereux. On leur fait porter une sacrée responsabilité dans un combat inégal.

Mais comment vaincre le fanatisme? Je suis bouleversée et perdue face à nouvel attentat. Il n'en reste pas moins que j'espère ne jamais devenir la brebis affolée si facile à manipuler avant d'être dévorée...

16 juillet (suite et fin)

Que l'auteur de l'attentat de Nice ait été une personne gravement perturbée se servant de l’État islamiste comme d'une couverture légitimant ses pulsions violentes, meurtrières et suicidaire, ou un véritable fanatique religieux, radicalisé rapidement, a-t-il vraiment de l'importance?

Les faits, horribles, sont là.

En cette fin de journée, je continue à m'interroger...

Que convient-il de faire un jour de deuil national?

Comment contrer cette succession d'attentats sans que la France ne se brûle aux feux d'un autre genre de fanatisme?

Aimer, ouvrir son cœur et ses bras, développer son sens de l'empathie sera-t-il suffisant?

Je ne sais pas, je ne pense pas, mais j'ai envie de croire en la vie. Alors bye, m'en vais essuyer pour un moment larmes et colère et manger une bonne glace en plein soleil, tête et jambes nues, avant de prendre l'un des beaux stylos offerts fin juin, de mettre un peu de musique... et de rejoindre le major Stiff!

Ensuite, j'allumerai une bougie.

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