Kriss F. Gardaz

Romancière

Auteurs coups de coeur été 2012

Publié le 20 Août 2012 par Kriss F.Gardaz dans Lectures

Je lis souvent plusieurs livres à la fois, ne les achève pas tous, serais incapable de reparler de la plupart des ouvrages lus il y a 20 ou 30 ans, parfois même l'année dernière. Mais il me reste toujours une impression, une image, la réminiscence d'un personnage, le souvenir d'un style.

Et surtout cette sensation de ne jamais être seule quand j'ai un bon bouquin entre les mains.

 

Mes deux auteurs coups de coeur de l'année écoulée (ne pas s'étonner si une enseignante raisonne toujours en année scolaire) sont sans conteste Andreï Makine et Caryl Férey.

 

La découverte de Makine m'a laissée pantoise, oui on peut avoir une écriture quasi-parfaite, pure, dépouillée, mélodique! Quelle leçon, un Russe qui écrit mieux dans sa langue d'adoption que 99% des Français!! Je me suis trouvée transportée à l'époque où je me régalais de Tolstoï et DostoÏevski, où j'idéalisais l'image de la Russie, où mes poèmes maladroits et lyriques (perdus heureusement) rafraîchissaient mon quotidien étouffant.

J'ai particulièrement aimé " La musique d'une vie" et "La vie d'un homme inconnu", je les relirai, c'est certain, pour la musique des mots de Makine, pour la tristesse de ces destins brisés, parce qu'ils mêlent des petites histoires à la Grande. Parce qu'ils sont beaux tout simplement.

 

La découverte de Férey a été une vraie claque, télévisuelle d'abord, j'ai été époustouflée par sa prestation dans la grande librairie de Busnel. Littéraire ensuite. Sa personnalité m'a donné envie d'acheter  "Mapuche",  lu dans un souffle. La violence de son propos, de ses personnages, de ses mots surtout m'ont laissée KO.  Impossible de détourner les yeux de l'Histoire tourmentée de l'Argentine, impossible de ne pas s'accrocher à Jana et à Ruben, impossible de ne pas pleurer pour la pire des tortures infligée au poète, impossible de ne pas chavirer avec des phrases du style " Des bouts d'âme bleue s'évaporaient". Comment fait Caryl Férey pour frapper aussi juste avec des mots que l'on trouve tous dans le Petit Larousse?

J'ai enchaîné avec Haka. Là j'en ai voulu à l'auteur. Pas pour le style, moins affirmé, mais parce qu'il ne ménage ni ses lecteurs, ni ses personnages. Aucune pitié! J'ai donc décidé de ne pas lire la suite de "Saga maorie" dans l'immédiat et attrapé Zulu. Nouvelle claque. Dès les premières pages. Ne pas lâcher Ali, ne pas le lâcher surtout! Et pourtant...Encore un voyage dans la nuit, celle d'une Afrique du Sud dans l'ombre de l'Apartheid, celle d'une humanité rongée par la crédulité, celle d'êtres humains qui ne pourront jamais en sortir.

Quelle plume, quelle puissance! Respect Monsieur Férey!

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