Chio, à l'époque de Victor Hugo, l'un de mes poèmes préférés.

L'enfant

Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil,
Chio, qu'ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un choeur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée ;
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.

Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l'onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tète blonde,

Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi l'affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?

Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d'avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d'Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu'un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux ?
- Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.

Victor Hugo, Les Orientales, 1829

Rien de tel qu'un petit séjour londonien, rêvé pendant vingt ans, pour déconnecter du quotidien et digérer l'annonce de la fermeture de la maison d'édition qui devait reprendre Les voyageurs des miroirs.

Digérer n'est peut-être pas le mot adéquat car il faut bien quelques heures pour se remettre d'un copieux English breakfast! Ou du prix de certains cheesecakes restés derrière leur alléchante vitrine.

Toujours est-il que cette escapade londonienne m'a fait voyager hors du temps. J'y ai rencontré les écureuils d'Andy et des oiseaux qui auraient plu à Rose, croisé la servante de Sherlock Holmes, le souvenir d'HG Wells, remonté la Tamise, admiré l'harmonieux mariage du passé et du présent...

Je ne sais pas ce qu'il adviendra de ma trilogie, mais je garde les aventures des Jersey bien au chaud dans mes souvenirs et me tourne vers l'avenir. Take courage and your pen!